A- Face aux médias
Jusqu’en 1970, les personnes en situation de handicap mental étaient
considérées soit comme malades, soit comme une personne à rééduquer. Et le
sport ne pouvait être une réponse, d’autant que le discours dominant était et
reste un discours performatif. Aujourd’hui, la médiatisation, très inégale, du
sport pour les personnes en situation de handicap est révélatrice de l’importance accordée à cette
pratique et à ceux qui l’exercent. L’intérêt médiatique des Jeux Paralympiques
est, par exemple, sans commune mesure avec les Jeux Olympiques. Quatorze
minutes de retransmission quotidienne en différé pour les Jeux Paralympiques de
Pékin contre quinze heures pour les Jeux Olympiques.
Dans la presse, le sport pratiqué par les personnes en situation de
handicap se définit surtout comme intégrationniste et cherche à positiver
l’image du sportif handicapé. Mais le discours véhicule un message ambivalent
où une certaine compassion émerge. Le rappel au handicap est souvent présent
comme si le sport pratiqué par les personnes en situation de handicap ne
pouvait se définir qu’à partir de l’état de la personne. C’est un état de fait
que les sportifs handicapés récusent, préférant que l’on mette l’accent sur leurs
performances, comme le montre le témoignage de Delphine Le Sausse, jeune
paraplégique après un accident de ski : « J’ai voulu dépasser les limites que
le handicap m’a imposées. Je n’ai pas l’impression d’avoir plus de volonté ou
de mérite que les autres. J’ai voulu refaire tout ce que je faisais avant. » La
performance est vue comme la marque, le signe d’appartenance à un groupe, aussi
bien chez les valides que les handicapés, qui partagerait les mêmes valeurs.
En sport peut-être plus que dans d’autres domaines, l’image de l’altérité
du corps est d’abord celle qui s’impose et qui masque « les sportifs » derrière
« les handicapés », même s’ils ont parfois, comme le disait Patrick Ségal, « la
naïveté de croire que les applaudissements venus des gradins récompensent des
exploits réalisés par des sportifs et non par des handicapés ». Mais dans
l’environnement social, nous constatons que la spectacularisation du sport pour
les handicapés est pauvre. Si, comme le souligne Bernard Jeu, « le sport se
caractérise par une adhésion massive à son spectacle ». Cette caractéristique
échappe totalement encore aux acteurs sportifs handicapés, notamment si ils
sont handicapés mentaux.
La déficience du sportif, selon le degré de sévérité, va influencer la
manière dont l’environnement social valide va communiquer sur la production
sportive, que celle-ci soit exemplaire ou non. La médiatisation des pratiques
sportives des personnes en situation de handicap mental est généralement d’une
grande pauvreté. Quand cette médiatisation existe, on constate que l’on ne
retrouve pas la valorisation attendue de la performance comme dans la pratique
sportive des personnes valides, mais celle des dimensions plus connotées
d’intégration et d’égalité sociale. Comme nous pouvons le relever dans certains
entretiens avec des parents ou des éducateurs : « Avec le sport, il est entré
dans la vie, il n’est plus exclu », « Le sport permet de vaincre la
marginalité, l’isolement ».
La performance d’un sportif privé de bras ou de jambes est d’abord pour les
valides une affaire de courage, mot que ceux qui vivent ce type de handicap ne
veulent surtout pas entendre. Le sportif handicapé mental, quant à lui, est
généralement considéré inapte à la performance. Pourtant, la performance est au
cœur de l’acceptation du sujet handicapé, quelle que soit la nature et la
sévérité de la déficience. En effet, si nous considérons qu’un élément
constitutif du sport est la performance, il est évident qu’à travers les
représentations positives qui s’y rattachent, le sportif handicapé se trouve en
situation de prouver sa capacité à surmonter son handicap, afin non seulement
d’être considéré comme les autres sportifs, mais plus encore comme celui qui a
vaincu l’adversité. « Malgré mon handicap je suis capable de … » est le message
que le sportif en situation de handicap se sent obligé d’exprimer en
permanence.
Ainsi la performance du sportif handicapé devient le signe tangible,
objectif, d’un accès à la normalité. Mais elle n’est pas perçue comme le
résultat d’un entraînement, d’un investissement au quotidien, d’un
accomplissement personnel. Mais plutôt comme celui d’une lutte contre la
condition de l’handicap.
Cependant, en 2009, ce sont produit deux événements considérables pour les
sportifs en situation de handicap mental qui peuvent laisser augurer d’un
changement de regard sur leur pratique sportive. Par lettre officielle du
ministère de la Santé et des Sports du 18 mars 2009, la Fédération du sport
adapté est informée de la reconnaissance du caractère de haut niveau qui lui
est accordé pour cinq disciplines pour l’Olympiade 2009-2013. Lors de
l’assemblée générale du Comité international paralympique (IPC) du 19 au 22
novembre 2009, après un vote très serré, les sportifs déficients intellectuels
sont réintégrés dans le mouvement paralympique. Ces deux événements
concomitants ont une portée symbolique majeure. Car pour la première fois, les
sportifs handicapés mentaux sont de plein droit reconnus dans les prérogatives
qui s’attachent à l’ensemble des sportifs du mouvement paralympique.
Le paralympisme, dans ce qu’il porte d’imaginaire, de valeurs d’excellence,
de reconnaissance d’être, rend d’une certaine manière dignité à tous les
sportifs en situation de handicap mental, quel que soit leur niveau de
participation, et impose le respect à tout un chacun pour leur condition. Pour
situer l’importance du phénomène du sport pour handicapé et son évolution,
rappelons que les premiers Jeux Olympiques pour les sportifs handicapés (les
Paralympiques) ont eu lieu en 1960 à Athènes et ont regroupé 10 pays et 300
sportifs ; aux derniers Jeux de Pékin en 2008, 4 000 athlètes et 147 pays
étaient concernés. À travers ces chiffres, on comprend que les Jeux
Paralympiques puissent devenir un symbole de reconnaissance majeur pour les sportifs
en situation de handicap.
Toutefois, malgré ces actions volontaristes et en constant développement
depuis la loi de 2005, le taux de pratique des personnes en situation de
handicap reste encore très inférieur à celui du reste de la population. L’ensemble
des acteurs doit en conséquence rester mobilisé pour continuer à promouvoir,
avec ambition et méthode, l’accessibilité de toutes et tous aux pratiques
sportives.
B- Les limites de l'intégration par le sport
La pratique du sport actuelle en France a tendance à favoriser l'entre soi.
C'est à dire que les individus font du sport avec leurs semblables, et c'est là
qu'interviennent les limites de l'intégration des individus handicapés par le
sport car bien qu'ils soient licenciés dans des clubs regroupant valides et
sportifs handicapés, les entraînements ne sont pas toujours communs du fait du
handicap et donc il y a véritablement deux groupes distincts : Les pratiquants
valides d'un côté et ceux handicapés de l'autre. De plus, très peu de
rencontres ou d’événements sportifs sont organisés afin de regrouper valides et
handicapés. Suite à une rencontre avec l’entraîneur de la base de Canoë kayak
de Gétigné, nous avons pu observer l'action des clubs en faveur de rencontres
et événements sportifs regroupant handicapés et valides mais le peu d'adhérents
à ces événements ne permettent pas aux clubs de développer et de continuer
leurs organisation.
Nous pouvons rajouter que le sport à l'école contient lui aussi des limites
d'intégrations pour les personnes en situation de handicap. En effet, 70% des
jeunes handicapés suivent le parcours traditionnel d'éducation. D'après Jean
Philippe Noël, l'élève concerné se heurte à plusieurs obstacles qui sont
l'accessibilité aux infrastructures, le matériel qui n'est pas forcément
adapté, ainsi que le manque de formation des professeurs d'éducation physique.
Tous ces obstacles qui sont présents pour l'élève font qu'il est souvent
dispensé de sport. Toutefois, s’il fait le cour de sport, il y a d'autres
obstacles. Le premier c'est le regard des valides dans les vestiaires, l'élève
se sent donc différent. A l’adolescence, l'image de son corps est importante,
s’il est handicapé, il peut alors se sentir exclus. Si l'élève participe au cour
d’EPS, le professeur doit alors adapter le cour, l’exercice pour la personne en
situation de handicap en fonction de son handicap (mental, physique, etc…).
Tous ces obstacles montrent alors une limite de l'intégration des enfants par
le sport.
Ensuite, la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap
se caractérise par des réalités différentes. il y a plusieurs handicaps,
sensoriels, physiques, psychiques… . Donc, des séparations sont inévitables et
compartimentent le secteur du sport pour les personnes en situation de
handicap, tant au niveau des pratiques que des instances de gouvernance et
fédération. Face à cette grande diversité, la formation des encadrants semblent
inadaptée pour répondre aux besoins du public, ce qui peut limiter la pratique
des personnes en situation de handicap, et par conséquent leur inclusion dans
la société
Le milieu du sport pour les personnes en situation de handicap : un monde
compartimenté
La dualité qui existe entre handicap physique et moteur ralentit le
développement d'une véritable politique d'inclusion en faveur des personnes en
situation de handicap. Comme le montre le directeur du Pôle Ressource Nationale
Sports et Handicap de Bourges, l'absence de reconnaissance des bienfaits d'une
activité physique pour les personnes en situation de handicap mental a
longtemps freiné le rapprochement avec la pratique sportive des personnes en
situation de handicap moteur. Alors que le handicap physique est plus reconnu
dans la pratique sportive, plus valorisé, plus facile à appréhender, le
handicap psychique, notamment la déficience intellectuelle, est moins facile à
intégrer au sport car il se voit moins. Par conséquent, comme nous avons pu le
voir dans l'introduction, les fédérations handisports et de sports adaptés ne
sont pas les mêmes du fait de la prise en charge différente qu'elles
impliquent. Dans le cadre du handicap psychique, la dimension thérapeutique du
sport est souvent bien plus développée. Les essais de rapprochement entre les
deux pratiques ne sont pas évidents. D'une part, il existe un risque de
tricherie dans le domaine du handicap mental car certains sportifs valides
peuvent se faire passer pour des handicapés mentaux (cas aux jeux paralympiques
de Sydney en 2000). Par ailleurs, selon le chargé d'insertion de l'association
Cap'handi, les niveaux de performance ne sont pas équivalents : la pratique du
sport à haut niveau entraîne une grande rigueur, de réelles performances
sportives. Les exigences ne sont pas forcément les mêmes pour le sport adapté, qui
ne recherche pas la même chose, et dont les entraînements ne sont pas aussi
intensifs. Dans le cadre de la pratique du sport adapté, comme le souligne le
vice-président de la FFSA (fédération française du sport adapté) Marc Truffaut,
il faut en plus de l'adaptation des règles, les faire comprendre et accepter
par les sportifs, ce qui n'est pas toujours simple. Il faut leur faire intégrer
des principes conventionnels et gérer leurs émotions.
C- Les inégalités spatiales
La région Pays de La Loire a une population de 3 660 000 habitants pour 94
structures handisports reconnus par le site handisport.org mais nous constatons
des inégalités spatiales dans la région Pays de la Loire.
Premièrement nous voyons des inégalités entre les départements de la région
Pays de la Loire. En effet des structures handisports peuvent recevoir une
labellisation par la fédération française handisport. Nous constatons que les
structures handisport ayant obtenu une labellisation par la fédération
française handisport se repartie sur 3 départements. Les trois départements
sont la Loire-Atlantique (4 structures labellisés), le Maine et Loire (2
structures labellisés) et la Vendée (1 structure labellisé). Nous observons que
les départements de la Sarthe et de la Mayenne ne possèdent aucunes structures
labellisées attribués par la fédération française handisport. Ceci peut être
expliqué du fait que ce soit des départements marginalisés en perte de vitesse.
Ensuite les différentes villes des Pays de la Loire n'ont pas le même nombre d'habitants
pour un club à la même échelle. En effet certaines structures handisports ont
un club pour moins de 5000 habitants, un club de 5000 à 10000 habitants et
d'autre ont un club pour plus de 10000 habitants.
Deuxièmement nous constatons des inégalités aux seins d'un même
département. En effet nous constatons que dans un département que les
structures handisport se concentrent dans les grandes villes d'un département
nous avons aussi constatés que les campagnes sont encore marginalisées. On peut
donc supposer que les personnes habitant en campagne n'auront aucune chance de
s'épanouir par le sport et qu'ils devront trouver un autre moyen pour
s'intégrer et s'épanouir.
Comme le souligne aussi les dirigeants du Dispositif d'Accompagnement du
Handicap vers les Loisirs Intégrés et Régulier (DAHLIR), les deux fédérations
doivent évoluer avec la société et par conséquent entrer dans une dynamique de
coopération. Plusieurs possibilités auraient pu être envisagées, la fusion des
deux fédérations françaises ou la disparition de ces fédérations afin d'entrer
réellement dans une dynamique d'inclusion. Or le choix ne se porta sur aucune
de ses deux options. La Fédération Française Handisport et la Fédération
Française de Sport Adapté continuent d'exister ; cependant, un système de
convention a été mis au point pour favoriser les démarches d'inclusions des
personnes en situation de handicap au sein des fédérations françaises sportives
souhaitant accueillir ce public au sein de structures ordinaires. La dynamique
actuelle tend à mobiliser les fédérations françaises de sport sur la prise en
charge au sein de leurs structures des publics handicapés par le biais du
conventionnement avec la FFSA comme la FFH. La dualité reste donc persistante.
Conclusion :
Le sport de loisir ou de compétition joue donc un rôle
essentiel dans l'intégration des individus à une société, il est d'autant plus
important chez les personnes en situation de handicap qu'il leur permet
d'acquérir une certaine autonomie motrice et social. De plus les valeurs
d'égalités ont un rôle prépondérant dans le sport. Égalité de pratique
sportive, égalité des chances dans l'épreuve sportive où chacun doit pouvoir
concourir avec les mêmes chances que son voisin de gagner, enfin égalité de
condition, chacun endossant le temps de l'épreuve le statut de sportif défini
par la société sportive, oubliant le temps du sport son statut social. En
outre, la pratique sportive permet aux personnes en situation de handicap, de
mieux s'accepter, d'oublier le temps de la pratique sportive leurs handicap, et
d'une manière général de s'épanouir en tant qu'individu et non plus en tant
qu'handicapé. Cependant, il existe encore aujourd'hui de nombreuses inégalités
entre sportifs valides et handicapés. Les sportifs handicapés ne bénéficient
toujours pas de la même reconnaissance que les sportifs valides, notamment dans
les médias. De plus, de nombreuses limites se posent quant à l'intégration des
handicapés par le sport notamment à cause de la multiplicité des handicaps et
des acteurs impliqués. De plus les inégalités se trouvent aussi au niveau
spatial où l'on constate que certaines campagnes marginalisées sont quasiment
voir totalement dépourvues de structures. Les structures handisports ont
tendance à être plus concentrées autour des grandes villes d'un département.
Des progrès restent donc à faire dans le développement de structures handisport
dans les campagnes marginalisées.
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