A - Le sport, un phénomène social total

Le sport, dans son acception commune, défini comme une
activité sociale compétitive ou non compétitive mettant en jeu la
motricité et la corporéité de l’individu, serait donc par
essence non discriminatoire. Du jeu à la compétition, le sport est,
dans la représentation commune, l’activité humaine qui porte en
elle-même des valeurs morales de justice et d’égalité puisqu’il
est censé, dans son organisation et dans sa pratique, considérer le
pratiquant hors de toute appartenance socioculturelle ou politique et
laisser à chacun, selon ses capacités, sa chance de vaincre et de
s’affirmer. Le sport se pense alors comme un espace de liberté et
de sociabilité où le sujet pourrait, dans un cadre défini de
règles, donner libre cours à une expression corporelle singulière
qui transforme non seulement l’individu mais la société tout
entière. Cette vision idyllique du sport moderne oublie quelque peu
les dérives qui l’entachent. Cependant, elle vient souligner
l’importance d’un phénomène social total, massif, qui se
décline à l’échelle planétaire et qui touche également le
sport pour les personnes en situation de handicap.
B-L'enjeu
de l'intégration par le sport
Avec les valeurs de partage, de
citoyenneté, de consolidation du lien social que véhicule le sport,
l’intégration par le sport est un motif utilisé par les
politiques sociales et éducatives en direction des personnes
handicapées. Pour autant, la question qui se pose de façon
récurrente est de savoir si cette pratique conduit à l’acceptation
et à la reconnaissance de ces sportifs comme individus et comme
personnes. Suite à la réintégration des sportifs en situation de
handicap mental aux Paralympiques, un communiqué du comité
directeur de la Fédération handisport illustre cette difficulté
d’acceptation perçue comme une assimilation inacceptable à la
condition de handicapé tout autant qu’à la personne porteuse du
handicap vu comme le plus dévalorisant qui soit. « Nos adhérents
sportifs handicapés physiques visuels et auditifs ne souhaitent pas
être assimilés à des handicapés mentaux et ne veulent pas que le
grand public fasse l’amalgame, notamment lors des grandes
compétitions. » Pour montrer la force de ce refus, le communiqué
ne manque pas de préciser : « C’est un constat unanime qui
n’a rien à voir avec le mépris. » Il apparaît ici que le sport
révèle de façon inattendue une dimension symbolique du handicap
dans l’organisation sociale comme « figures troubles, polluantes
», pour reprendre les termes de l’anthropologue britannique où tout ce qui est « pollué » remet en cause l’état
de cohésion interne d’un groupe, et par conséquent peut être
considéré comme n’étant pas à sa place. L’intégration de la
figure du handicap dans l’ordre symbolique participe à sa
légitimation dans l’ordre social. Elle permet son explication, sa
justification, son acceptation, sa rationalisation. De ce point de
vue, le handicap mental devient intelligible et les situations de
mixité sociale moins menaçantes.
L’intégration doit être pensée comme un processus qui se
construit pas à pas dans la connaissance des uns et des autres.
Dans la pratique sportive de compétition ou de loisirs, il s’agit
pour les acteurs de la relation de s’ajuster, de connaître et
reconnaître l’autre dans sa singularité.
Le processus d’intégration engage donc une dynamique de
transformation sans laquelle rien n’est possible, processus qui
doit toucher autant les structures que les individus. Le chemin
parcouru en trois décennies dans l’appropriation d’une activité
éminemment culturelle par une population souvent marginalisée,
sinon exclue de toutes démarches sportives, est considérable. Le
rôle des fédérations sportives pour handicapés (Handisport, Sport
adapté) a été déterminant dans cette reconnaissance
institutionnelle. Dans le sport, l’évolution des mentalités sur
la perception du handicap dans notre société s’évalue dans la
possibilité offerte à chacun, dans le cadre d’un projet
personnel, d’accéder au plus haut niveau de pratique, pour peu
qu’il en ait les compétences et en exprime la volonté.
C - Les
différents acteurs mobilisés
Plusieurs mesures prises par le ministère traduisent son engagement en faveur du handicap :
Un pôle ressources nationales «sport et
handicaps» (PRNSH) implanté au sein du centre de ressources,
d’expertise et de performance sportives (CREPS) de la région
Centre, établissement public national du Ministère chargé des
Sports.
- Une mission «sport et handicaps» au sein de la direction des sports dont le rôle est de s’assurer de la mise en place des orientations ministérielles.
- Un réseau de correspondants «sports et handicaps» désignés au sein des services déconcentrés de l’État (DRJSCS, DDI, CREPS et écoles nationales). Ce réseau est animé et formé par le PRNSH.
- 31 conseillers techniques sportifs (CTS), cadres du ministère exerçant leurs missions auprès des fédérations dites «spécifiques» et du Comité Paralympique et Sportif Français (18 auprès de la FF Handisport, 12 auprès de la FF du sport adapté et 1 auprès du CPSF).
- 60% des fédérations dites «valides» ont nommé un (e) responsable de la mission «sport et handicaps».
- 150 Emplois Sportifs Qualifiés placés auprès des fédérations spécifiques (FF Handisport et FF du sport adapté) financés par l’Etat.
- L’augmentation continue des moyens financiers alloués au mouvement associatif sportif sur la thématique du sport et handicap
- L’État à mis en place des conventions d'insertion professionnelles qui permettent aux sportifs handicapés de haut niveau, titulaires d'un contrat de travail .
La région joue également un rôle important
dans l’accessibilité au sport pour les personnes en situation de
handicap :
La Région soutient les projets de
développement des ligues et comités régionaux au travers de
conventions d’objectifs. Celles-ci répondent
aux demandes spécifiques des ligues pour des actions destinées à
favoriser l’accueil des publics, à développer des pratiques
nouvelles ; à renforcer l’encadrement et l’arbitrage ; à
améliorer les conditions de sécurité ; à soutenir les clubs dans
leur rôle d’animateur de la vie citoyenne, à faciliter
l’accessibilité et diversifier l’offre sportive des personnes en
situation de handicap au travers notamment de la Charte régionale
pour l'accès aux activités physiques et sportives des personnes en
situation de handicap en Pays de la Loire.
L’objectif 9 de l’agenda 21 et la Charte régionale pour l’accès
aux activités physiques et sportives des personnes en situation de handicap sont clairs : pour
favoriser le développement de la pratique sportive des personnes
handicapées, il faut optimiser les aides en faveur de
l’accessibilité à la pratique et notamment par du matériel
adapté. Ainsi la Région Pays de la Loire, à travers l’agenda
22 « handicap » et le plan « sport et handicap »,
souhaite promouvoir le sport au service du handicap aussi bien dans
les clubs que dans les établissements spécialisés.
Dans ce cadre, un appel à projets est
lancé pour satisfaire les besoins en matériels nécessaires à la
pratique sportive des personnes en situation de handicap et au
développement de nouvelles disciplines.
L’appel à projets « matériel sportif » a
ainsi pour objectifs :
- de favoriser une meilleure prise en
considération du public handicapé et une démocratisation des
pratiques,
- de renforcer l’existant en adaptant
le matériel sportif ou technique dans les sections, les clubs, les
établissements
de santé,
- de favoriser le développement de
nouvelles structures handisport et sport adapté sur l’olympiade,
- d’augmenter le nombre de licences.
Le conseil régional des Pays de la
Loire attribue ensuite un soutien financier aux projets retenus.
-Au plan national, le ministère
chargé des sports a subventionné les fédérations sportives à hauteur de 4,43 millions en 2014
pour des actions relatives au sport pour les personnes en situation de handicap. Ce montant a
augmenté de manière significative entre 2014 et 2015 (+ 4%). Les incitations du
ministère chargé des sports afin que les fédérations sportives prennent davantage en compte
les sportifs/ves en situation de handicap portent leurs fruits : des fédérations
nouvellement investies sur le champ du sport et handicaps sont soucieuses de former des
éducateurs/trices, des entraîneurs/ses, des bénévoles et des dirigeant(e)s aux
enjeux et aux techniques liés à ce secteur sportif.
-Au plan territorial, le Centre
National pour le Développement du Sport (CNDS), établissement public administratif du
ministère chargé des sports, a pour objectif de favoriser la pratique du sport par le
plus grand nombre et corriger les inégalités d’accès aux pratiques sportives sur tous les
territoires. Dans cette perspective, il permet le financement du mouvement sportif au
plan territorial pour la mise en œuvre d’actions structurantes et pérennes. L’objectif principal de ces
initiatives est de développer une offre d’accueil dans les clubs sportifs pour favoriser
l’intégration sociale des personnes en situation de handicap. En 2014 : 7,7M euros
(+ 3% par rapport à 2013) ont été accordés aux différents clubs et comités du
mouvement sportif.
-A l’échelle locale, le club
de Canoë Kayak de la ville de Gétigné est le club le plus proche
du lycée qui accueille des sportifs en situation de handicap, un
échange par mail avec Julien Richard qui est un entraineur du club
qui possède également une formation en handisport lui permettant
d’encadrer des personnes en situation de handicap, nous a permis
d’obtenir des informations sur le déroulement des pratiques
sportives pour les sportifs handicapés ne pratiquant pas à un haut
niveau :
- Seulement 1 seul licencié sur 60
est handicapé ( amputé d’un bras, suite à un accident, il
pratiquait déjà le Canoë auparavant)
- Il pratique de manière autonome, pas
besoin d’accompagnateur, aucun moyen de déplacement spécifique
mis en place pour l’emmener aux entrainements .
- Il participe régulièrement à la vie
du club en facilitant l'accès des plus jeunes au club (ouverture de
la base et présence d'un adulte).
- Le club a essayé d’organiser des
manifestations "valide/handi" sans succès, il a donc abandonné.
-Cependant durant la saison estivale la
base de canoë accueille plusieurs groupes handisports, qu’il
s’agisse d’handicapés mentaux ou physiques, et encadrés
par un entraineur ayant suivi la formation handisport.
Ces différentes informations nous
montrent la volonté des clubs de favoriser l’accès au sport pour
les personnes en situation de handicap, mais qu’il n'y a encore que
très peu d’handicapés qui possèdent une licence sportive, ce qui
limite les engagements que peuvent prendre les clubs en leur
faveur.
Nous avons fait une seconde étude de terrain, cette fois ci nous sommes allés à Vallet (44330), Nous nous sommes rendus à la mairie pour avoir des renseignements, nous avons eu un rendez vous avec la chargée des sports de Vallet. Lors de cet entretien, nous avons posé une question sous forme de mise en scène : "Notre petit frère vient d'avoir un accident de voiture, ce qui a rendu sa jambe gauche invalide, de plus il a des troubles cérébraux. Cependant il souhaite reprendre le sport: y a t-il des associations sportives dans la ville qui puissent l'accepter pour les entraînements ?
La réponse donnée est la suivante: sur Vallet, seule une association sportive prend en charge les personnes en situation de handicap (physique, mental). Il s'agit du club de lutte de Vallet. Nous avons donc contacté par mail le président du club afin de bénéficier d'informations supplémentaires. Nous l'avons rencontré, voici l'interview:
De manière globale, le montant
de crédits destinés à favoriser la pratique sportive de ce public a considérablement évolué
au fil des dix dernières années : il est passé de 3,7 millions d’euros en 2003 à près de 19 millions d’euros en
2014.
Exemple d'un projet réalisé par l'athlète handisport Kévin Cantin, 10ème au championnat du monde de voile 2014, et vice champion d'Europe la même année
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